Cuba. Le régime veut imposer un leader dans la franc-maçonnerie : le cas de Lázaro Cuesta et l’offensive contre Viñas

Le ministère de la Justice affirme que José Ramón Viñas a occupé son poste maçonnique pendant trop longtemps, mais les francs-maçons dénoncent cela comme une manœuvre pour le destituer en raison de sa position critique et le remplacer par Lázaro Cuesta, un allié du parti au pouvoir.

La franc-maçonnerie cubaine, l’une des plus anciennes et des plus grandes institutions fraternelles du pays, continue de traverser une grave crise causée par l’ingérence directe du régime cubain dans sa structure interne. Le ministère de la Justice, par l’intermédiaire de sa Direction des Associations, a lancé un processus de désaveu de la réélection du Souverain Grand Commandeur du Conseil Suprême du 33e Degré, José Ramón Viñas Alonso, dans le but de le remplacer par un ancien leader maçonnique proche du gouvernement : le babalawo Lázaro Cuesta Valdés.

La tentative du gouvernement n’est pas isolée, mais fait plutôt partie d’une stratégie plus large visant à contrôler les organisations fraternelles et religieuses, en particulier la franc-maçonnerie, un ordre qui a historiquement défendu des valeurs telles que la liberté, la fraternité et la tolérance. Avec plus de 25 000 membres et plus de 300 loges à travers le pays, elle a le potentiel d’unir les voix critiques. D’où l’intérêt du régime à affaiblir son indépendance.

Deux structures, un conflit

À Cuba, la Franc-Maçonnerie est organisée en deux grands organismes : la Grande Loge de Cuba, qui régit les degrés 1 à 3 ; et le Conseil Suprême du 33e Degré, qui régit les degrés supérieurs, du 4 au 33, considérés comme avancés. Le plus haut dirigeant de la Grande Loge est le Grand Maître, tandis que le Conseil Suprême est dirigé par le Souverain Grand Commandeur.

Lázaro Cuesta Valdés a occupé les deux postes. Il a été souverain grand commandeur les années précédentes, puis grand maître entre 2015 et 2018. Pour assumer ce dernier rôle, il a nommé José Ramón Viñas comme son remplaçant à la tête du Conseil suprême, non pas par élection, mais par nomination interne. C’est sur cette base que le ministère de la Justice, par l’intermédiaire de sa directrice des associations, Miriam García, tente désormais d’invalider le mandat de Viñas.

L’argument du gouvernement est que Viñas est en poste depuis 2015, dépassant ainsi la limite autorisée par les statuts. Cependant, la vérité est que Viñas a officiellement assumé ce poste par élection en 2017, et la même année, avec l’approbation de Miriam García elle-même, les nouveaux statuts ont été approuvés, limitant le poste à trois mandats de trois ans. Sa réélection actuelle, qui a eu lieu en mars 2025, correspond à son troisième et dernier mandat légal. L’ingérence du gouvernement repose donc sur une interprétation manipulée des réglementations nationales.

Le contexte politique : persécution et leadership

José Ramón Viñas est une figure inconfortable pour le régime cubain. Critique de la répression et de l’autoritarisme, il a été l’un des rares dirigeants fraternels à s’exprimer le 11 juillet 2021, lors des manifestations massives qui ont eu lieu à travers le pays. Depuis lors, il est sous surveillance constante de la Sécurité d’État.

Diverses sources internes à la Franc-Maçonnerie indiquent que la campagne visant à le destituer s’est intensifiée depuis l’annonce de sa réélection. Les responsables du Bureau d’enregistrement des associations ont convoqué les dirigeants maçonniques de tout le pays pour délégitimer leur mandat et les pousser à exiger de nouvelles élections, malgré l’absence du Conseil suprême de tout processus juridique.

Le centre du conflit ne se situe pas au niveau du Conseil suprême, mais au niveau de la Grande Loge, affirment les membres actifs. En effet, la plupart des protestations internes ont été dirigées contre Mayker Filema Duarte, Grand Maître, accusé d’avoir usurpé sa position et de refuser de convoquer des élections. Le 25 mai, malgré la tentative de Filema de la suspendre, la séance de la Chambre haute a eu lieu. Elle s’est développée en son absence et par la volonté des francs-maçons, protégée par les statuts. Lors de la réunion, Filema a été démis de ses fonctions.

Un vieil allié du régime

Dans ce contexte, la figure de Lázaro Cuesta réapparaît comme un pion du gouvernement pour reprendre le contrôle du Conseil suprême. Cuesta, qui a récemment été expulsé de l’institution pour « trahison des codes internes », a maintenu une relation étroite avec le régime. Son attitude ambiguë et conciliante durant son mandat de Grand Maître a suscité des soupçons au sein de la fraternité, et son rôle dans le conflit actuel a été interprété comme une manœuvre politique en alliance avec le ministère de la Justice.

Selon des sources consultées, Cuesta aurait commencé à diffuser des messages internes déclarant le mandat de Viñas « illégal » et appelant à de nouvelles élections. Cette attitude fut considérée par les francs-maçons comme une grave violation des principes de loyauté et de fraternité, ce qui conduisit à son expulsion.

À 80 ans, Lázaro Cuesta a été nommé franc-maçon émérite du 33e degré, ce qui lui retire officiellement le droit de voter ou d’occuper une fonction au sein du Conseil suprême. En outre, il fait l’objet d’une procédure judiciaire devant la Grande Loge de Cuba pour détournement de fonds lorsqu’il était Grand Maître ; ce qui doit être puni d’expulsion.

Malgré tout cela, le gouvernement cubain semble déterminé à l’imposer comme successeur de Viñas, profitant de son statut d’ancien Souverain Grand Commandeur, bien que les statuts maçonniques établissent clairement que la succession correspond à des postes vice-présidentiels internes, actuellement occupés par des personnes fidèles à Viñas.

Source : Cubanet

Lien : https://www.cubanet.org/el-regimen-cubano-quiere-imponer-un-lider-en-la-masoneria-el-caso-de-lazaro-cuesta-y-la-ofensiva-contra-jose-ramon-vinas/

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