Haïti. « Une année de lente et de pénible agonie pour l’école », juge Patrice Dalencour

L’année scolaire 2024-2025 avait été annoncée comme celle de « la restauration de l’autorité de l’école ». Pourtant, cette promesse semble n’avoir pas été tenue. Selon l’enseignant Patrice Dalencour, l’année scolaire qui s’achève dans quelques jours s’est révélée calamiteuse à bien des égards.

Invité à l’émission Panel Magik le lundi 9 juin 2025, Patrice Dalencour a dressé un sombre bilan : « L’année scolaire 2024-2025 a été une année de lente et de pénible agonie pour l’école. » Dès le début de l’année, alors que de nombreuses voix réclamaient une rentrée dès le mois de septembre, le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) avait repoussé la reprise des classes à octobre.

Depuis, l’agonie du système éducatif s’est traduite par des fermetures répétées des établissements scolaires et la délocalisation de nombreuses écoles contraintes d’abandonner leurs locaux traditionnels.

« Plusieurs lycées se partagent les mêmes bâtiments. Les professeurs sont épuisés. Les enfants encore plus. Dieu seul sait ce qu’ils parviennent à apprendre », a déploré M. Dalencour. Il estime qu’il n’y a plus grand-chose à espérer des élèves, soulignant que près des deux tiers des écoliers de Port-au-Prince n’ont plus d’abri stable où vivre.

Selon lui, le seul acte courageux du MENFP durant l’année a été la menace de sanctionner « les grévistes permanents du secteur public » en raison de « leur absentéisme nuisible au pays ». M. Dalencour regrette que « l’attachement au travail » qui caractérisait autrefois les enseignants ait disparu, dénonçant l’« absence de sens des responsabilités et du devoir » ainsi que « la faillite morale et civique » du corps enseignant.

Le pire reste à craindre, selon l’éducateur. Le pays, a-t-il admis, est en train de former des jeunes à travers « un simulacre d’examen d’État » qui débouchera sur des diplômes dénués de toute valeur. De plus, il a fait remarquer que cette descente aux enfers s’inscrit dans un contexte aggravé par la violence des gangs composés majoritairement d’enfants et d’adolescents.

Pour envisager l’avenir avec sérénité, Patrice Dalencour appelle à l’organisation des « États généraux sur le système éducatif haïtien » et à l’ouverture de réflexions sur la rééducation et la réinsertion des enfants soldats. « C’est un devoir impératif. Nous devons leur sauver la vie, les prendre en charge et prévoir dès maintenant le cadre dans lequel ils pourront se reconstruire », a-t-il insisté.

La déchéance de l’école en dit long sur l’état de la société haïtienne. « Une société qui ne se soucie pas de se reproduire, de penser son avenir, et qui se déshumanise à tous les niveaux en matière de dignité », a conclu Patrice Dalencour.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/256964/une-annee-de-lente-et-de-penible-agonie-pour-lecole-juge-patrice-dalencour

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